Nous avons appris avec tristesse le décès de monsieur Yves Hayot survenu le 11 mars.
Eminente personnalité du monde agricole, Yves Hayot s’est passionné corps et âme pour la terre martiniquaise et a marqué de son empreinte l’histoire de la banane antillaise.
Profondément attaché à la canne à sucre, il était aussi un homme d’affaires clairvoyant toujours prêt à saisir les opportunités. Et c’est ce qu’il a fait au début des années 70 quand sous son impulsion, l’exploitation familiale du Lareinty, jusqu’alors consacrée à la culture traditionnelle cannière, s’est lancée dans la production de bananes. Cette filière en plein essor offrait à la Martinique une voie de substitution à l’industrie sucrière en proie à de profondes difficultés économiques. Yves Hayot plante aussitôt 90 hectares de bananes, devenant ainsi l’un des plus importants producteurs martiniquais.
Cette position le conduira au début des années 1990 à la tête du premier groupement de producteurs martiniquais, la SICABAM. Le président Hayot a fort à faire en une période compliquée pour la filière. Celle-ci est fragilisée par une succession de cyclones mais surtout par le dépassement récurrent des quotas des pays africains alors que le marché français est partagé selon un arbitrage du général de Gaulle, deux tiers étant réservé à la banane des Antilles et un tiers aux anciennes colonies africaines. La situation financière désespérée de la filière martiniquaise conduit à une crise sans précédent en novembre 1992 : l’occupation des aéroports de Fort-de-France et de Pointe-à-Pitre pour laquelle la filière de la banane reçoit le soutien de l’ensemble de la population. S’appuyant sur cette manifestation inouïe, Yves Hayot négocie avec le gouvernement et obtient une subvention exceptionnelle qui sort les producteurs de la crise.
Il œuvre en parallèle à la défense de la banane antillaise dans le cadre de la mise en place du marché unique européen en 1993 qui sonne le glas du marché français protégé. Cela aboutit à l’OCM-banane, un dispositif de protection et de soutien des producteurs européens face aux multinationales.
L’Union des Groupements de Producteurs de Bananes de Guadeloupe & Martinique salue la mémoire de cet acteur majeur de la filière de la banane martiniquaise et adresse ses sincères condoléances à sa famille et ses proches.